JOURNAL

Mardi 16 février, milieu d’après-midi. Le ciel mi-figue, mi-raisin qui planait au-dessus du SIEL finit par se lâcher en beauté. Un orage éclate, vent et pluie en grosses bourrasques et par paquets, le rythme et la puissance s’amplifiant pendant un bon moment, les bâches du « Petit Palais » faisant de leur mieux pour résister et dehors, panique chez ceux qui font la queue pour payer avant d’entrer…

Une heure après, le soleil est de retour et pas un seul livre n’a pris l’eau ! Mais il y a toujours autant de chapardeurs voire de voleurs qui circulent dans les allées du SIEL et les vigiles ont fort à faire pour enrayer la fauche, quand ça n’est pas les agents en faction qui doivent intervenir  le cas échéant.

Celui de N. par exemple, intercepté à la sortie avec deux livres sous le veston. Remis aux mains des policiers qui veillent au grain, l’apprenti voleur âgé de 14 ou 15 ans passe évidemment un mauvais quart d’heure mais les gens d’armes sont bons enfants : ils se contentent d’expliquer au gamin qu’il aurait pu finir menotté au fond d’une fourgonnette, direction le commissariat en escale vers l’enfer d’un centre pour mineurs délinquants, avec évocation explicite des avanies fatales qui l’y accueilleraient…

Évidemment, N. est soulagé, mais cette indulgence ne règle pas son problème de fond : s’il a volé des livres afin de les revendre, c’est qu’il a besoin d’argent pour financer ses études, parce que ni son père ni encore moins sa mère n’ont les moyens de subvenir à ses besoins quotidiens de collégiens et que personne ne lui a jamais appris à travailler pour gagner sa vie.

Après la pluie, le beau temps ? Une foire du livre, c’est cruel pour les enfants qui n’ont pas d’argent !